lundi 6 juin 2016

Graver sur commande


C'est drôle, je n'ai pas l'habitude de réaliser des choses sur commande. D'habitude, que je brode, dessine ou grave, je le fais par plaisir, d'un plaisir purement égoïste à la base, partant d'une idée nichée au creux de ma seule tête, et j'en partage le résultat ensuite, si je le souhaite. Je le fais souvent, sur ce blog, car c'est aussi mon plaisir, et le but premier de cet espace, d'ailleurs, que celui de partager avec vous le fruit de mes petites bricoles. 
Comme je l'écrivais en 2012, "par ici je bricole avec les moyens du bord, en essayant de ne pas passer par-dessus bord". Relire ce descriptif quatre ans après me fait assez sourire, et pourtant il ne m'a encore jamais vraiment pris l'idée d'en changer. Sûrement qu'il doit toujours me correspondre un peu. 

Toujours est-il que lorsque j'ai commencé à travailler sur cette gravure, la semaine dernière, cette gravure qu'un de mes proches me demandait depuis plusieurs mois, je n'ai pas pu m'empêcher de marquer un temps d'arrêt. Et si ça n'était pas à la hauteur de ses espérances ? Et si l'on s'imaginait totalement autre chose que ce que je m'apprête à faire ? 
Je suis restée un sacré bon moment à ne pas oser me lancer, à dessiner, gommer, tout gommer, et recommencer, encore et encore. J'ai retardé au maximum l'étape de la gravure, trop définitive, préférant jouer la montre en peaufinant mon dessin préparatoire, m'attardant sur des détails inutiles. 

Et puis il a bien fallu me lancer. Ce n'était pourtant pas bien compliqué ce qu'on me demandait. Un portrait de chien, un doberman. J'avais expliqué dès le départ que ma gravure ne serait probablement pas le portrait  trait pour trait de la chienne en question, car je pensais mes gravures trop stylisées pour prétendre à cela, mais qu'il serait celui d'UN doberman. Une sorte de petit hommage à tous les dobermans, en somme. On m'avait rassurée, mais oui mais oui, je suis sûre que ce sera très bien ne t'inquiète pas. 

Alors rien, rien n'aurait dû me faire cogiter à ce point, c'était une commande "à la bonne franquette", après tout. 
Pourtant je n'ai pas pu me défaire de ce petit stress jusqu'à samedi dernier, jusqu'à ce que j'atteigne l'étape finale de l'impression, ce moment où je peux enfin encrer ma plaque gravée, la passer sous la presse, et brûler d'impatience de  découvrir le résultat. 

Là, samedi dernier, en regardant enfin ce grand chien me faire face de ses tout aussi grands yeux pour la première fois sur le papier, la petite pointe de stress qui m'habitait s'est enfin envolée, aussi simplement que cela. 

Je vous le présente aujourd'hui, ce grand chien, ce grand chien qui paraît si simple, si évident, maintenant que je le vois, lui qui a pourtant fait tant de noeuds dans ma tête.


Je veux croire que je ne suis pas seule à connaître cette sorte de "paralysie" liée aux attentes placées sur nous, celle qui nous bride, à vouloir trop bien faire. Vous voyez ce dont je parle ? 

En attendant de réussir à me poser moins de questions, je vous souhaite un bon lundi, et une très belle semaine !
Rendez-vous sur Hellocoton !

8 commentaires:

  1. je te comprends très bien!!
    Je couds et brode un peu...et lorsque l'on me demande un petit quelque chose, ma première pensée est: "et si ça ne leur plait pas? s'ils sont déçus?"
    Je pense que l'on se met sois même une petite pression car l'envie de faire plaisir est importante!
    Dans tous les cas, j'essaie de faire de mon mieux et de prendre le maximum de plaisir à ce que je fais...

    Jessica

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ce partage d'expérience ! Je me sens moins seule, tout d'un coup. ;)

      Supprimer
  2. "Paralysie" ou pas le résultat est très réussi :), il faut arriver à se libérer de ce perfectionnisme qui à tendance à nous bloquer : la peur de pas assez bien faire... Mais c'est tellement difficile ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup ! Combattre cette tendance à préférer "m'abstenir de faire" plutôt que de mal faire, c'est ma lutte de toujours !

      Supprimer
  3. Ta gravure du chien est très jolie !
    Malgré le peu de commandes que j'ai eues, j'ai aussi ressenti ce stress de vouloir faire la chose à la perfection. À croire que quand ce n'est pas pour soit on essaye de se dépasser encore plus !
    Bises, et bon lundi :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci à toi, ça me fait franchement plaisir ! Je suppose que ton explication est la bonne sur ce point-là. ;)

      Supprimer
  4. je comprends tout à fait; je fonctionne ainsi pour la céramique, quand je fais, je m'autocritique et ça peut aller loin; c'est détestable et je fais un travail d'aimer un peu plus ce que je fais
    ,apprendre à aimer , tout un programme!
    votre gravure est superbe

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout un programme, en effet ! Merci beaucoup pour ce commentaire constructif. Bonne soirée !

      Supprimer