mardi 8 décembre 2015

Graver pour la première fois


Graver, je voulais tester cela depuis très longtemps.
Longtemps, ce projet est resté au sommet de tout ce que je repousse toujours à plus tard.

Finalement, j'ai commencé la linogravure il y a deux mois, et j'ai vécu cela comme une petite révélation.
Je n'avais pas soupçonné à quel point creuser le linoléum serait agréable. Je n'avais pas soupçonné non plus le monde de possibles qui s'ouvrirait à moi.
Quand on pratique la linogravure, il faut penser autrement son dessin, car les traits que l'on creuse sont ceux qui ne seront pas encrés, ils resteront blancs une fois imprimés. Il faudrait donc, en toute logique, penser en négatif. Puis non, de mon côté j'ai souhaité me laisser surprendre par ce à quoi aboutirait mon dessin si je le gravais comme je l'aurais dessiné. Et je crois en fait que c'est de cette manière que je préfère la gravure.

Je l'aime beaucoup, ma petite chouette. C'est ma première gravure, c'est quelque chose tout de même. J'y ai passé un certain nombre d'heures, pendant lesquelles pas une fois je n'ai consulté mon téléphoné, n'ai posé les yeux sur un seul écran. Elle m'a absorbée, elle m'a engloutie, et j'étais tout à elle.

Elle m'a laissée, aussi, avec beaucoup d'idées et d'envies. Depuis cette première gravure, réalisée sous l'immense presse de l'Ecole des Beaux Arts de ma ville, j'ai investi dans le matériel de base pour pouvoir nourrir cette nouvelle passion à la maison. Pressentant de réels atomes crochus entre cette technique et moi, j'ai voulu croire que tout cela n'allait pas être une passade, et j'ai décidé d'investir dans du matériel de qualité. J'ai trouvé mon bonheur parmi les encres non toxiques de la Maison Charbonnel, à Paris, une institution dans le monde de l'impression d'art depuis le XIXè siècle. 
J'ai complété mon attirail avec un rouleau pour encrer mes plaques une fois gravées, ainsi qu'un "baren", ce petit instrument en bois et feutre, que vous apercevez sur la photo ci-dessous, et qui permet de réaliser ses impressions en se passant d'une presse, simplement en l'utilisant pour appuyer sur le papier, lui-même posé sur la plaque encrée, et en effectuant des mouvements circulaires. Les résultats ne sont bien sûr pas aussi nets qu'avec une presse, mais cela devrait me suffire dans un premier temps, quand je ne peux pas avoir accès à une presse.
J'ai jeté mon dévolu sur des gouges avec manches en bois de la marque Pfeil, une référence en la matière, à qui je trouve, de surcroît, un petit côté précieux. J'ai déjà envie de les bichonner, mes gouges.

Je n'ai pas encore suffisamment gravé pour savoir déjà quelles gouges me conviendront le mieux, à plus long terme, mais je me sens tout de même déjà développer une plus grande sensibilité pour des gouges très fines, permettant de graver à tout petits traits, toutes petites incisions. Je pense à Gustave Doré, à l'extrême minutie des gravures qu'il a signées pour illustrer les Contes de Perrault, notamment, je pense aux milliers de traits qui les composent, à comme je ne voulais pas croire, plus jeune, que ces dessins puissent être des gravures.

Finalement, je ne dois sûrement pas avoir à chercher plus loin l'explication à cette révélation qu'a été pour moi de graver pour la première fois. Elle me vient de toutes les heures que j'ai passées à observer à la loupe les gravures de Gustave Doré.

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10 commentaires:

  1. Wow je te félicite pour cette première et superbe première gravure!
    C'est plus qu'encourageant.Cela aurait été dommage de ne pas se lancer...

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    1. J'ai pourtant attendu très, trèèès longtemps ! Merci beaucoup pour tes mots.

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  2. Très belle gravure! je tire mon chapeau à l'artiste

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  3. Le rendu est très joli, je connais mal cette technique !

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    1. Merci beaucoup ! C'est une technique très addictive, quand on s'y met... et qu'on est patient. :)

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