Parmi les expressions favorites de Judith, figurait sans doute celle-ci : lire l'avenir dans un marc de café. Longtemps elle se l'était gardée bien au chaud dans un coin de sa tête, et y avait associé une sens erroné, une mauvaise image. Au fond elle avait mis vingt ans pour commencer à boire du café, vingt ans, donc, pour comprendre qu'il n'était pas question de mare, dans l'histoire. Quand elle avait enfin compris, un quelconque soir d'hiver, elle s'était dit qu'elle aurait bien pu vivre encore un peu sans café pourvu qu'on ne lui retire pas ce quiproquo-là. Elle avait été plutôt bien contente qu'on l'ait laissée durant toutes ces années imaginer de vieilles voyantes, mi sorcières, mi magiciennes attendrissantes et rabougries essayant de lire l'avenir en se penchant au-dessus d'une mare de café.
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