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vendredi 24 février 2017

Voyager en solo ? Jamais !

Les lumières des terrasses au crépuscule, sur la Praça do Comercio, à Lisbonne, la semaine dernière. 

Cet article fera peut-être sourire les voyageurs solitaires chevronnés, ceux qui n'hésitent pas une seconde avant de prendre leur sac à dos pour partir en solo au bout du monde. 

En réalité, ce petit billet, il s'adresse plutôt à ceux qui n'ont jamais sauté le pas, ceux que l'envie de partir seul démange,  mais dont ils ne pensent pas se sentir capables.

Je m'adresse aux timides, aux introvertis, aux rêveurs, aux courageux mais pas téméraires. Dont je suis.

Il n'est pas nécessaire de songer à partir au bout du monde pour juger la montagne trop haute. Parfois, j'hésite moi-même à partir explorer l'autre bout de ma Bretagne natale si je ne trouve personne pour m'accompagner. Alors envisager de partir seule à l'étranger, vous pensez bien... 
Mais je m'y suis confrontée, comme je me suis forcée à boire du thé jusqu'à en raffoler, je me suis forcée à voyager seule. Un peu. Pas trop loin.

Je suis récemment partie à Lisbonne en solitaire, et vous avez été nombreux à réagir à cette photo, sous laquelle je vous confiais la fierté, mais aussi toute la diversité des sentiments éprouvés en parvenant tout en haut du parc da Pena, à Sintra.

Mon expérience du voyage en solo :
Je suis partie en solo à cinq reprises, toujours en Europe, et toujours dans des capitales ou des grandes villes. Chaque fois, en me posant des dizaines de questions et en sentant mon estomac se nouer à quelques heures du départ. Mais en bouillonnant d'impatience et de curiosité, aussi. 

Bruxelles :
J'ai commencé par visiter Bruxelles. Partant de Paris en train, vers une ville où je ne devrais pas composer avec la barrière de la langue, cette destination me semblait être une option plutôt raisonnable pour une première expérience. Au final, ce voyage en solo m'a laissé une impression mitigée. Sûrement qu'il me faudra redécouvrir Bruxelles avec un compagnon de route.

Amsterdam :
Quelques mois plus tard, j'ai malgré tout réitéré l'expérience en partant pour Amsterdam, toujours en train depuis Paris. Prendre le train me semblait minimiser la marche à gravir pour voyager en solo, car c'est devenu très routinier pour moi, alors que passer les postes de contrôle des aéroports m'a toujours été générateur de stress.
J'ai beaucoup aimé Amsterdam en solo, grisée par mon amour pour cette ville, où j'avais déjà  fait une courte halte l'année d'avant, et dans laquelle je me verrais très bien vivre. 

Séville :
Ensuite, je suis allée à Séville. 4 jours à me laisser guider par le soleil et les découvertes nez en l'air. Le charme et la douceur sevillane ont suffisamment opéré pour me permettre de passer outre la solitude du voyage. La ville ne comptait pas beaucoup de touristes à cette époque-là, et il faisait bon vivre. 

Madrid :
Regonflée par ces deux expériences plutôt bonnes, j'ai réitéré avec un nouveau voyage solo en partant à Madrid. Indépendamment de mes découvertes madrilènes, je n'ai pas tellement apprécié le fait de visiter Madrid seule. C'est une ville tellement festive que je me sentais un peu à côté du sujet m'y rendant toute seule. Bien sûr, j'aurais pu entrer dans les bars, faire la démarche de rencontrer du monde, mais, pour être tout à fait honnête, ce n'est pas quelque chose que je fais. 

Enfin, je suis donc partie à Lisbonne.



Lisbonne en solo :
Les plus :
  • On se sent bien, à Lisbonne. Pas un moment, pas un quartier où je ne me suis pas sentie en sécurité. Je crois que c'est une destination qu'on peut vraiment conseiller aux voyageurs qui hésiteraient encore à partir seuls.

  • Les diverses adresses dédiées à la street food. Pas toujours facile d'oser s'attabler dans un restaurant quand on voyage seul(e). Coup de chance, Lisbonne regorge d'endroits où l'on peut picorer, décider de s'attarder ou non, manger sur place ou saisir l'option Take away. Je vous recommande par exemple le Time out, situé dans le Mercado do Ribeiro, un vaste endroit où vous pouvez commander à manger dans un des inombrables stands du lieu et vous installer sur une des longues tables-comptoirs. Je me suis sentie très bien dans cet endroit (j'y suis même allée plusieurs fois) où se côtoyaient des gens aux profils très différents, locaux, touristes, familles, et beaucoup de personnes seules. 

  • Un touriste qui voyage seul est moins repérable de loin, et moi, je savoure chaque possibilité de découvrir une ville comme si j'y habitais depuis des années. J'adore pouvoir ranger mon guide dans la poche et marcher, simplement marcher comme n'importe qui d'autre. Parfois, des touristes m'arrêtent pour me demander leur chemin, et, même si, le plus souvent, incapable de les renseigner correctement, la supercherie s'arrête là, je suis toujours très contente qu'on ait pensé que j'habitais là.

  • Seul(e), on n'a personne auprès de qui se plaindre de la fatigue, des heures de marche... On se plaint tellement, au quotidien, pour pas grand chose, généralement, parfois pour le simple plaisir de se plaindre, que seul, il me semble qu'on repousse d'autant plus notre seuil de résistance à l'effort. 

  • Pendant mes voyages en solo, je suis d'autant plus attentive à des détails que je ne remarquerais peut-être pas si je marchais dans les rues en discutant avec un(e) ami(e). Mon appareil photo autour du cou, je m'arrête pour photographier chacun de ces détails quand bon me semble (si vous me suivez sur Instagram, vous aurez sans doute remarqué à quel point j'ai pu être active pendant mon séjour à Lisbonne !)

Les moins :
  • le délicat moment du restaurant. Je pense que c'est la circonstance dans laquelle voyager seule me pèse le plus, sûrement car je conçois vraiment le restaurant comme un moment de partage, et qu'y manger seule me rend généralement un peu triste. Il est souvent assez compliqué pour moi d'oser entrer dans certains endroits, je passe toujours une tête par la porte le temps d'observer s'il y a des recoins tranquilles, de qui est composée la clientèle, est-ce que l'ambiance est aux grands éclats de voix et aux réunions entre amis, ou bien au contraire, est-ce que les cadres pressés se mêlent aux locaux et aux touristes, aux groupes, aux personnes seules. Je privilégie toujours ces adresses-là, où je n'ai pas le sentiment de dénoter par rapport au reste du monde. Cela m'amène à laisser quelques endroits sur la touche quand je ne m'y sens pas suffisamment à l'aise, mais au final, je repère suffisamment de plans B pour réussir à trouver un endroit où je me sente bien.

  • L'envie qui revient, régulièrement, de ne pas garder ce voyage pour moi toute seule, de partager telle ou telle découverte. Avant d'entreprendre mon premier voyage en solo, je m'étais nourrie de plusieurs retours d'expérience, et un message revenait régulièrement : on ne voyage jamais vraiment seul, car on fait tout plein de rencontres tout au long du périple. Ca m'avait rassurée, et je m'étais imaginée revenant de voyages avec plein de nouveaux amis. Sauf que je ne suis pas vraiment arrivée à la même conclusion : je pense que quand on est de nature plutôt introvertie, il est tout à fait possible de rester d'un bout à l'autre dans sa solitude de voyageur solitaire (ce qui ne fait d'ailleurs pas forcément du voyage une expérience ratée !), au-delà des interactions basiques du quotidien avec les commerçants.

Ce qui m'a aidée :
  • Pour l'épineuse question des restaurants, fonctionner avec des horaires un peu décalés. À Lisbonne, j'avais très envie de retourner au Pois café, que j'avais énormément aimé lors de mon premier séjour dans la ville il y a 10 ans. J'y suis passée une première fois à 16 h le jour de mon arrivée, l'endroit était bruyant et plein à craquer, et les fauteuils, aussi moelleux soient-ils, tous occupés. Plutôt que d'attendre une place, dans cette ambiance où je ne me serais de toutes façons pas sentie à l'aise, j'ai pris le parti d'y revenir le lendemain matin à l'ouverture pour un petit déjeuner. Et c'était chouette. J'étais la première sur place, et j'ai observé tranquillement l'endroit se remplir petit à petit, profitant vraiment de ce moment privilégié et de la beauté des lieux. 

  • Toujours avoir un livre avec moi. Lire, c'est chouette, et mine de rien, ça donne une contenance quand il s'agit de savoir où poser les yeux au restaurant. Ca marche aussi avec un carnet de voyage, et l'exercice du voyage en solitaire peut même alors se révéler très inspirant quand il s'agit d'écrire ce qu'on ne partage pas de vive voix avec quelqu'un. 

  • Anticiper tout ce qui pouvait être anticipé, tout en laissant la porte ouverte au hasard : si lorsque je voyage accompagnée, j'ai davantage tendance à lâcher du lest, à faire confiance aux "on verra bien", en solo, il devient beaucoup plus important pour moi de préparer deux fois plus que de raison la question des transferts, des navettes à prendre, des itinéraires... Je note tout sur mon carnet de voyage, de l'adresse de mon hôte Airbnb aux horaires des bus pour telle excursion, en passant par la couleur du bus shuttle que je dois trouver à l'aéroport ! Cela peut sembler un peu extrême, mais ce contrôle de toutes les questions d'ordre pratique - s'il n'évacue pas le risque que tout ne se passe pas comme prévu - me rassure et me libère de la panique que pourrait générer le fait de voyager seule. Ce qui doit être noté est noté, et je peux ensuite laisser le plaisir du voyage opérer, me laisser aller aux découvertes, et même, changer totalement mes plans si j'en ai envie. 

  • Avoir toujours mon Cartoville sur moi : impossible de me passer de lui quand je visite une grande ville européenne, seule ou accompagnée. Je n'aime pas trop me submerger de guides touristiques, préférant découvrir les villes en flânant nez en l'air, mais le Cartoville est un outil absolument indispensable pour moi. C'est d'ailleurs souvent le seul guide que je glisse dans ma valise. Je trouve vraiment très pratique le fait de pouvoir se repérer à l'aide de mini cartes se concentrant sur un quartier à la fois, plutôt que de devoir chercher le sens du vent pour déployer sa grande carte sans que celle-ci s'envole ou s'écrase contre notre visage ! :) Dès que j'ai booké mon logement, mon premier réflexe est d'ouvrir mon Cartoville et d'y noter une petite croix à l'endroit où je séjournerai. Pendant tout le voyage, cette petite croix, c'est mon phare, l'assurance que je retrouverai toujours mon chemin. À l'heure des GPS et multiples applications de géolocalisation qui fonctionnent parfois même sans connexion à l'étranger, ça a peut-être un petit côté old school, mais j'y tiens beaucoup.

Pour conclure, je dirais que je n'ai pas l'ambition, avec cet article, de vous convaincre de partir à l'aventure seul(e) au bout du monde. Je ne pense pas que nous soyons tous faits pour cette aventure-là, et ce n'est pas grave, il y a tant de manières de découvrir ce "bout du monde", et d'occasions de partir  avec un compagnon de route. Moi-même, je pense avoir aujourd'hui cerné que mes ambitions dans ce registre du voyage en solo ne me portaient pas plus loin que les grandes villes européennes, et qu'il m'était nécessaire d'alterner ces expériences avec des voyages plus "classiques", où je suis bien entourée.

Je n'essaie pas non plus de vous dire qu'essayer le voyage en solo, ce sera forcément l'adopter, mais que si vous avez envie de partir, que VOUS êtes disponible, et que c'est le seul fait de ne trouver personne disposée à vous accompagner qui vous arrête, alors peut-être qu'il faut vous dire que c'est trop dommage de ranger ce projet au placard.

J'ai seulement envie de vous dire que parfois, il peut nous faire du bien, ce voyage en solo, nous faire sortir de notre zone de confort, nous faire sentir fort, et nous donner l'impression d'avoir escaladé une montagne. 

J'ai seulement envie de vous conseiller, à vous les timides du voyage en solo, de plonger d'abord un orteil dans l'eau de la piscine, en commençant par tenter l'expérience dans un pays à la culture similaire à la vôtre, voire la même langue, dans une grande ville où il sera toujours plus facile d'être autonome dans vos déplacements urbains. Et qui sait, de découvrir que vous aimez ça. 

J'espère que mon retour d'expérience sera utile à certain(e)s. J'ai veillé à ne rien enjoliver et à rester la plus honnête possible sur la façon dont j'ai vécu le voyage en solo, à Lisbonne et ailleurs. Vous aurez compris que le voyage en solo ne va pas du tout de soi, pour moi, qu'il n'est pas mon mode de voyage préféré, mais que je me sens aujourd'hui capable de m'y confronter de temps à autre, comme manière de sortir un peu de ma zone de confort.

N'hésitez pas à partager avec moi votre expérience dans ce domaine.

Et je reviens bientôt pour vous parler de Lisbonne plus en détails. ;)
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